Analyses

Vers une extinction du capitalisme maritime international?

La mondialisation économique n’a jamais été autant maritime puisqu’il est admis qu’environ 90% des échanges mondiaux de marchandises se réalisent par les mers. Les quelque 65,000 navires de la marine marchande mondiale sont les vecteurs irremplaçables d’un mode de vie qui tend à s’uniformiser. Avant la crise sanitaire, la CNUCED projetait un trafic maritime mondial à 12 milliards de tonnes métriques pour 2020, soit un triplement en 30 ans [i]

La faute à la performance économique, la fiabilité logistique et au gigantisme naval qui ont permis de contracter l’espace-temps au point où la frange côtière de la Chine est devenue l’usine manufacturière du monde. Aujourd’hui, les porte-conteneurs de 24,000 EVP peuvent acheminer 125 millions de chaussures en un seul voyage entre la Chine et l’Europe, réduisant le coût de transport de la paire au prix d’un café en terrasse à Paris. Au milieu des années 1970, le géographe André Vigarié expliquait déjà la maritimisation de l’économie-monde par le fait que l’acheminement d’une tonne de pétrole du Golfe Persique au Port du Havre coûtait moins cher qu’un trajet en taxi de Paris à l’aéroport d’Orly.

Avec le conteneur maritime, mobilité et fluidité marchandes ne semblaient n’avoir aucune limite, renforçant les ports comme nœuds incontournables de connectivités logistiques planétaires. Autre syncrétisme de cette globalisation heureuse anté-Covid : le secteur de la croisière qui a gagné 25 millions de passagers en 25 ans, faisant des paquebots de luxe les symboles absolus d’un tourisme maritime massifié. Les navires de dernière génération, jusqu’à 10,000 Homo Nomadicus à bord, conjuguaient de facto confinement maritime, concentration touristique… et questionnements écologiques.

La suite est à retrouver dans le troisième numéro d'une série spéciale intitulée Le monde d'après de la revue FRANCE FORUM


[i] UNCTAD (2020). Review of Maritime Transport 2019. United Nations publication. New York and Geneva. 132p.