Analyses

Quand le vide coute cher au consommateur final africain

Début janvier 2021, la réservation d'un slot pour un conteneur "Dry" de 20 pieds depuis Shanghai vers Lagos coute 6630 US$ selon le Shanghai Containerized Freight Index (SCFI). C'est évidemment un record qui a pris une augmentation de 2,5% ou 434 US$ en une seule semaine en 2021.

A cela peut être aussi considéré que les importateurs ouest-africains doivent honorer également depuis le 1er janvier une EMPTY EQUIPMENT IMBALANCE CHARGE de 150 US$/TEU sur les trafics maritimes conteneurisés en provenance d'Europe et de Med.

Ces pratiques commerciales rappellent que sur des marchés émergents comme ceux de l'Afrique subsaharienne, l'import "paye" souvent l'export pour compenser les déséquilibres chroniques de flux qui caractérisent des économies faiblement industrialisées et "manufacturées". Les consommateurs du continent supportent indirectement les conséquences d'une gestion stratégique des capacités orchestrée par quelques opérateurs maritimes dominants. Ces derniers privilégient les trades les plus rémunérateurs, en premier lieu desquels la Chine et l'Intra-Asie comme nous l'avions déjà commenté dans un post linkedin à retrouver ici :

Il n'est pas inutile de rappeler que le top 3 A.P. Moller - Maersk MSC Mediterranean Shipping Company & CMA CGM contrôlent 80% des capacités conteneurisées déployées sur les ports de la rangée Dakar-Pointe-Noire, et ce malgré la présence de nombreux outsiders et armements spécialisés dits "de niche" (situation recensée fin 2018).

Face à cette situation et au moment même où s'inaugurent les premières réalisations de la zone de libre-échange de commerce continental africain, le marché africain se caractérise par l'absence d'un organe supracontinental de régulation à l'instar de celui de la FMC à Washington ou de son équivalent chinois basé à Beijing. Le continent, moins de 5% du total des valeurs internationales échangées par voies maritimes, ne dispose d'aucun levier pour endiguer des pratiques qui impactent directement le fonctionnement socio-économique de nations pourtant déjà parmi les plus pauvres de la planète.